Pourquoi recharger sa clim va coûter plus cher

Dans les ateliers de réparation, la demande reste forte pour un gaz réfrigérant dont Bruxelles ne veut plus, au nom de la protection de l’environnement. Résultat, son prix a doublé. Recharger sa climatisation risque de coûter plus cher. 

La loi de l’offre et de la demande nous enseigne que ce qui est rare est cher. Il n’y a là rien de bien nouveau. Simplement, l’automobiliste ne s’attendait pas forcément à se voir rappelé à cette réalité par le mécanicien qui recharge sa clim.

Année après année, l’inflation du prix des gaz frigorigènes (celui que la clim de votre voiture comprime) bat des records, ce qui a un impact direct sur le prix des prestations d’entretien facturées au consommateur final. Contacté par Challenges, Yves Levaillant, Président de la branche Carrosserie du Conseil national des Professions de l’Automobile (CNPA) tire la sonnette d’alarme : « Nous souhaitons attirer l’attention des consommateurs et des constructeurs sur l’impact qu’aura sur les prix des prestations facturées aux automobilistes une hausse de 50 % à 60 % du prix du gaz réfrigérant. Les professionnels de la réparation vont devoir répercuter cette hausse sur leurs tarifs.« 

De combien ? Contactées, l’UFC-Que Choisir et 60 Millions de Consommateurs ne se sont pas encore emparées du sujet. En tant que syndicat, le CNPA ne peut se risquer à commenter les prix. Heureusement toutefois, le coût du gaz ne fait pas à lui tout seul le prix d’une prestation mieux connue sous l’appellation de « forfait climatisation », proposé entre 49 euros et 59 euros en cette fin de printemps, en prévision des départs en vacances. « Je ne vois pas comment les professionnels pourraient maintenir longtemps ces prix« , suggère Y. Levaillant.

La production du réfrigérant baisse plus vite que la demande

Le phénomène de hausse des prix des gaz réfrigérants n’a rien de nouveau. En 2015, déjà, les professionnels du secteur mettaient en garde contre cette conséquence inévitable de la réglementation F-gas. Cette directive européenne programme un retrait progressif du marché des gaz frigorigènes à fort pouvoir de réchauffement planétaire, exprimé en un indice PRP (ou GWP, de l’anglais Global Warming Potential). De 100 % en 2015, la quantité de fluides frigorigènes hydrofluorocarbures (HFC) à indice PRP élevé doit passer à 63 % entre 2018 et 2020, avant d’atteindre les 21 % en 2030.

En toute logique et conformément aux quotas posés par la réglementation F-gas, les industriels ont commencé à diminuer le niveau de production, au profit de gaz à faible indice PRP. Malheureusement pour le secteur de l’automobile, le gaz R134a ne peut être remplacé que par le réfrigérant HFO-1234yf compatible avec fort peu de véhicules en circulation. « La conversion des systèmes de clim au nouveau gaz n’est pas possible« , confirme Y. Levaillant. « Un véhicule équipé à l’origine pour fonctionner avec le réfrigérant R134a tournera avec ce gaz jusqu’à sa mise au rebut, en fin de vie.« 

Le réfrigérant de remplacement tarde à s’imposer

C’est ainsi que la demande en gaz réfrigérant R134a se maintient à un niveau qui dépasse dorénavant son niveau de production, en régression de 40 % par rapport à l’an dernier. La loi de l’offre et de la demande jouant à plein, les prix augmentent vite. D’autant plus qu’il existe la tentation, chez certains distributeurs, de stocker les gaz bientôt interdits, histoire de pouvoir assurer l’entretien des appareils.

Les constructeurs furent d’autant plus réticents à adopter le HFO-1234yf que ce gaz fut un temps accusé de souffrir d’une température d’inflammabilité sensiblement inférieure au R134a, au point de sérieusement augmenter le risque d’incendie en cas d’accident. Ce vif débat avait déclenché en 2014 une mini guerre commerciale entre Paris et Berlin, lorsque l’administration française bloquait l’importation des voitures Mercedes-Benz Classe A jugées non conformes, du fait de leur attachement au gaz R134a. Les langues perfides soupçonnaient le constructeur Daimler de s’abriter derrière un souci de protection du consommateur pour écouler des stocks de climatiseurs fonctionnant à l’ancien gaz R134a.

Source: Challenges.fr

error

Vous appréciez notre blog? Partagez-le à vos amis !